Au ballet avec Jack Lang, député

 

Sa foi en l'art et la culture l'a toujours accompagné. Créateur du Festival mondial de théâtre de Nancy en 1963, ministre de la culture de 1981 à 1986, puis de 1988 à 1993, Jack Lang est actuellement député (PS) de la 6e circonscription du Pas-de-Calais. Il ira voir "Pavlova 3'23", pièce pour neuf danseurs chorégraphiée par Mathilde Monnier, à l'affiche du Théâtre de la Ville, à Paris, du 2 au 6 février.

 
 

"Y Parmi les chorégraphes apparus dans les années 1980 en France, j'ai une admiration particulière pour Mathilde Monnier. C'est une personnalité singulière, engagée dans son art et par son art. A tous les niveaux. Elle s'intéresse par exemple avec beaucoup d'inventivité à la question de la danse à l'école. Elle surprend toujours, elle étonne, elle intrigue. J'attends beaucoup de sa nouvelle pièce, Pavlova 3'23, que je vois comme une sorte de "visitation" du ballet mythique de Michel Fokine La Mort du cygne, dansé par Anne Pavlova sur la musique de Saint-Saëns. La lecture de Mathilde Monnier risque d'être encore plus excitante, plus mystérieuse que d'habitude.

Personnellement, je pense que les formes extrêmes de l'art contemporain rejoignent les formes extrêmes de l'art traditionnel. Je suis passionné par exemple par le théâtre balinais et le kabuki japonais... J'en apprécie particulièrement la dramaturgie aux partitions multiples entre théâtre, danse, voix... que je retrouve parfois dans la danse contemporaine. Je déteste les cloisons que l'on dresse trop souvent entre les arts.

Lorsque j'ai décidé d'ouvrir à la danse le Festival mondial de théâtre de Nancy, manifestation d'avant-garde, en invitant Pina Bausch en 1977 avec Les Sept Péchés capitaux - c'était sa première fois en France -, je voyais ses pièces comme de l'opéra dansé, du théâtre chanté... Et bien plus que cela évidemment. Comme d'ailleurs les pièces du Japonais Kazuo Ono, qui interprétait à l'époque sa performance Hommage à La Argentina.

Lorsqu'à partir de 1981 au ministère de la culture, j'ai décidé de soutenir la nouvelle danse contemporaine et la création des premiers centres chorégraphiques nationaux, je ressentais comme une anomalie le fait que la danse soit si peu considérée et reconnue.

Il y a beaucoup de courage et de dignité chez les danseurs, beaucoup d'esprit de sacrifice pour leur art. J'apprécie aussi chez eux leur capacité à se métamorphoser, à se transformer sans cesse. Et le public de la danse contemporaine est à leur hauteur. Sa ferveur, toutes générations confondues, pour découvrir des spectacles, sa capacité à s'émerveiller, m'émeuvent et me touchent toujours."

 

Jack Lang

Le Monde

30/01/2010