" Je ne vois pas la femme cachée dans la forêt ". Cette phrase que Mathilde Monnier a donnée comme titre à l'une de ses chorégraphies antérieures, est inscrite dans les papiers de Christian Dotremont, l'un des fondateur du mouvement Cobra, que Pierre Alechinsky a publiés. Alechinsky expose actuellement au Réattu et Mathilde Monnier crée sa nouvelle chorégraphie au théâtre municipal. Coïncidence et rencontre troublante en Cobraforêt. Christian Dotremont notait : " Idées-force : spontanéité, géographie, les temps, unité des arts ". Et ce sont presque celles de Mathilde Monnier dans Sur le champ : " instantanéité, profondeur d'image, le champ qui figure sur la toile de fond (c'est un champ de carottes), et le champ de bataille ". Mathilde Monnier parle de " niveaux de sens ". " L'unité des arts " chez Mathilde Monnier c'est " le va-et-vient entre le son, la lumière, le décor et les danseurs ". Cette liaison étroite a été approfondie au cours d'un stage qui s'est déroulé pendant neuf semaines à Madrid, depuis la fin février. Sur le champ est en effet produit par le festival d'automne de Madrid, qui devrait être l'occasion d'une rencontre avec les Espagnols. Des objets usuels Un projet pédagogique s'est donc inscrit au sein du travail de création, sous forme d'un stage organisé par la compagnie de Mathilde Monnier, la compagnie de Hexe, et qui a réuni 25 à 30 danseurs. Outre qu'il a permis à Mathilde Monnier de sélectionner trois danseurs espagnols sur les sept qui participent au spectacle, le stage a répondu a un besoin de formation particulièrement aigu à Madrid. Mathilde Monnier avait fait appel, pour donner les cours, à trois personnalités de la danse, qui en représentant aussi trois aspects, Viola Farber, Hans Zullig et Anne Koren. Sur le champ est d'abord " un travail sur l'objet, l'objet usuel. Il s'agit de partir d'une situation banale, presque rituelle, puis d'isoler dans la mise en scène ces actions anodines ". Ce n'est plus Cobra cette fois : Mathilde Monnier parle de nature morte. On pense en fait à la peinture contemporaine, à sa manière de se saisir d'objets quotidiens, voire d'objets de rebut, et de leur ôter toute fonctionnalité, d'en transformer le statut. Fragments La chorégraphie pour Mathilde Monnier est à la foi un sujet et une structure. Celle-ci est " un montage très complexe, abstrait, de fragments ". Elle compare cela à une écriture poétique. Les objets ne disparaîtront pas mais " complèteront les corps des danseurs et le mouvement ". D'une durée d'une heure, le spectacle est conçu de manière " rapide, mais aussi violente, dangereuse ". Mathilde Monnier y abandonne les éléments narratifs qui subsistaient dans ces pièces précédentes. Le parti pris est plus formel. C'est celui de l'aventure et du risque. Verra-t-on la femme cachée dans le champ de carottes ? Créé à Arles Sur le champ tournera en Italie, en Espagne à l'automne et en France. Elle a choisi le théâtre municipal où la compagnie est à demeure depuis un mois, parce que plus intime. Un champ clos en somme.


Le festival de danse