Un tempo qui fait mouche
 
2008 Vallée avec le chanteur Philippe Katerine avait déjà donné le ton, celui du plaisir retrouvé à danser et à chanter ensemble, à l'unisson. Avec Tempo 76, nouvelle pièce fantaisiste et enjouée, créée au festival Montpellier Danse, Mathilde Monnier se lance un défi en s'attaquant au sujet très sérieux de l'unisson, pour explorer cette forme chorégraphique qui fascine et dérange, et dont la danse contemporaine française s'est déjà empressée de se débarrasser.
 
Sur une belle pelouse qui recouvre le plateau et qui sent bon l'herbe - une très belle scénographie signée Annie Tolleter - ce sont neuf danseurs et danseuses qui évoluent pour dessiner des lignes et des trajectoires vivantes, des placements et des déplacements dans un espace commun et pour donner à voir un ballet bien réglé, allant du geste minimal aux danses chorales, où chacun exécute les mêmes pas au même moment.
 
Si les interprètes uniformisés, en jeans, chemise blanche et cravate puis en kilt et en polo de couleur acidulée, s'amusent à détourner le ballet hollywoodien, les shows de majorettes ou des pom-pom girls, mais aussi le corps de ballet classique et les cours de gymnastique, la rythmique et la mécanique de leurs corps hypnotisent à leur tour.
 
Mais le propos de Mathilde Monnier est d'emmener le spectateur ailleurs, avec beaucoup de fantaisie et de finesse. Alors, subrepticement, tout se met à dérailler un peu, avec de petits monstres verts surgis des mottes de terre, pour que la danse puisse respirer entre les figures du singulier et du collectif. Car c'est bien sur un mode critique et jubilatoire, comme l'indique aussi le choix de la musique du compositeur György Ligeti, que Mathilde Monnier réinterprète l'unisson. Si la pièce séduit et impressionne par sa rigueur et son impertinence joyeuse, elle semble surtout ouvrir une voie pour le bel avenir de la danse.
 
- Festival Montpellier Danse 07, au Théâtre de Grammont, ce soir, à 21 heures. Rés. : 0 800 600 740 et www.montpellierdanse.com Festival d'Automne à Paris, au Théâtre de la Ville, du 9 au 13 octobre, à 20h30. Tél. : 01 42 74 22 77.

ISABELLE DANTO
Le figaro
 Publié le 27 juin 2007