Mathilde Monnier, Yvann Alexandre : cette quatorzième édition a témoigné de la diversité des démarches chorégraphiques. Et démontré la vitalité fragile mais précieuse de la danse dans cette cité. (.) Quant à Mathilde Monnier, c'était un bonheur de voir le festival se refermer sur son duo avec Louis Sclavis, Chinoiseries. Très judicieuse métaphore sur la " prise de tête ", ce duo, qui joue à s'alambiquer et à s'emberlificoter pour mieux rompre et partir sur le geste radical de la danse qui tranche l'espace et le sculpte, se déguste dans une intimité souriante. La danseuse profilée ne se donne jamais de face, s'étend à l'arrière, pratique l'escamotage, dialogue avec le musicien. Toute la danse de Mathilde Monnier, tendue, en alerte, est contenue dans cette Chinoiserie. Quant à Louis Sclavis, dont on ne dit jamais qu'il est rare et précieux, il joue et accompagne. Ses sons dessinés, évidemment plus du côté du silence que du bruit, infiltrent sous la peau une certaine tristesse qui va de pair avec un souffle qui serait contenu dans le mot encore. La danseuse et le musicien en complicité d'écriture pour arrêter de

Marie-Christine VERNAY
Libération
Lundi 11 Juillet 1994