Danse. Mathilde Monnier : " Ma dernière création propose des images de la femme hors de tout cliché"


Mathilde Monnier, directrice du Centre chorégraphique national de Montpellier, est depuis longtemps partie prenante de Montpellier Danse. Elle nous livre quelques clés sur Publique, sa dernière création qu’elle inaugure demain dans la cour des Ursulines (1).

De quoi s’agit-il dans Publique ?

Mathilde Monnier. C’est une pièce très musicale, dansée sur une partition de PJ Harvey, jeune anglaise de trente-cinq ans, égérie du rock, qui a sept albums à son actif. La pièce est interprétée par huit danseuses. Pourquoi des femmes seulement ? Dans le monde très masculin du rock, PJ Harvey a revendiqué haut et fort sa place de femme. J’ai voulu conserver cet esprit-là. Il s’agit de mettre en scène des interprètes qui assument leur féminité, au sein de sonorités, certes violentes, mais surtout sensuelles. Ce n’est pas une œuvre féministe, mais je tiens à proposer des images de la femme hors de tout cliché. Sortir, par exemple, de la figure de la séductrice qui nous colle à la peau. D’où mon souhait de ne pas convier d’hommes sur scène. Je ne veux pas faire une danse de la séduction, mais une danse tout court. La femme dont je parle a plusieurs visages ; elle est aussi bien adolescente qu’adulte. J’aime cette idée d’une féminité multiple, jamais immobile ni figée. Ce sera très dansé, assez explosif du point des mouvements. Cette pièce est sans doute moins conceptuelle que les précédentes, car je suis en quête d’une forme d’immédiateté entre danse et musique.

Que pensez-vous du nouveau Centre national de la danse inauguré la semaine passée à Pantin ?

Mathilde Monnier. C’est important que la danse ait son lieu, mais il ne faudrait pas que cela empêche d’autres idées d’espaces à bâtir. Nous avons affaire là à un problème très français qui consiste à toujours tout centraliser, au sein de grandes maisons, avec des gens bien catalogués, où l’on sait ce qui se passe. Je me méfie toujours des lieux qui centralisent. Le problème ce n’est pas le CND, mais ce que cela peut cacher ou éviter de concevoir ailleurs. C’est un danger. Maintenant il faut que ce lieu vive. Vis-à-vis de Paris et de sa banlieue, le CND représente un nouveau lieu de programmation pour la danse avec des salles à jauges moyennes, ce qui n’existait pas. C’est intéressant du point de vue de la diffusion. Cela dit, il n’y a pas d’artistes à la direction. C’est dommage. J’attends de voir.

Propos recueillis par Muriel STEINMETZ

l'humanité
25 juin 2004


(1) Publique, la dernière création de Mathilde Monnier sera présentée dimanche 27 juin et lundi 28 juin à 22 h 30, dans la cour des Ursulines, à Montpellier.