Mathilde Monnier fait rêver toute une ville

La ville est-elle aussi un sujet pour la danse ? Pas impossible avec la prochaine création de Mathilde Monnier, présentée dans le cadre des Hors Séries du centre chorégraphique, au studio Bagouet, samedi et dimanche prochains.
Sous le titre de Maquette city, la chorégraphe propose « un modèle réduit » de la mise en scène qu’elle signe pour le compositeur allemand Heiner Goebbels, dont l’œuvre intégrale, Surrogate cities, sera interprétée en février 2008, par le Philharmonique de Berlin. L’opéra, créé en 1994 à Francfort, jouit depuis d’une réputation hors pair pour oser rassembler orchestre et sampler ; et, sur le thème des villes, toucher à tout : peintures, architectures, sons, et textes d’auteurs, comme Kafak, Calvino, Paul auster et Hugo Hamilton, avec 96 musiciens et 120 interprètes.
Pour Montpellier, et même si l’affaire est de moindre taille, Maquette city est un projet avant tout humaniste. Et qui rassemble petits et grands, jeunes et moins jeunes : en tout soixante personnes, dont des membres de l’atelier danse de salon du club Jeanne Galzy-Âge d’or, ceux de Montpellier Université Club, section gymnastique, et les 20 élèves des classes de CM1 et CM2 de l’école Robert-Fournier de Saint-Jean de Cornies.
Mathilde Monnier n’avait pas rêvé d’un tel projet, depuis l’âge de 14 ans, lorsqu’elle écrivait des chorégraphies pour des personnes âgées dans des maisons de retraite,a vec six copines. C’est « un immense cadeau ».
Cela ne l’est pas moins pour Thibaut Kaiser, directeur et enseignant à l’école Robert-Fournier. En ville, c’est clair, « les enfants ont un regard neuf » et, surtout, « ils ont compris que la danse, c’est de la pensée ». A suivre une répétition, impossible de ne pas le croire. Bel enthousiasme aidant, chacun s’élance sur scène comme dans un territoire à soi. Qu’il s’agisse de dessiner au sol, avancer en ordre dispersé, construire sa représentation de la ville avec des boîtes en carton – sucre, biscuits, céréales, passant ainsi allègrement du règne du petit déjeuner à l’aire de la danse. Surprenant . Mais pas moins que la partition.
Auteur de la musique des Lieux de là, création de Mathilde Monnier en 1999, Heiner Goebbels joue dans Surrogate cities « d’une perspective hautement subjective ». Il s’agit, de « construire quelque chose qui se confronte au public pour qu’il réagisse, en découvrant dans la musique un espace où il peut entrer complètement avec ses propres associations d’idées ». Vue sous cet angle, une ville est un monde dont chacun est le citoyen. Belle utopie.

Lise OTT
Midi libre
15/11/07