Mathilde Monnier avec La Ribot investissent avec fraîcheur un genre qui allie plaisir et liberté

Cela avait démarré avec Maguy Marin, qui eut un sérieux fou rire, jaune bien sûr, dans Ha ! Ha ! en posant une question plus que sérieuse : «De quoi rions-nous et avec qui ?»

Ensemble, face à face et dans un environnement noir, la chorégraphe Mathilde Monnier, directrice du Centre chorégraphique de Montpellier et la chorégraphe-performeuse espagnole La Ribot, aujourd’hui installée à Genève, pouffent elles aussi. Elles partent, comme pour un exercice de style, à la recherche d’une mystérieuse Gustavia, personnage d’un autre temps qui pourrait avoir fréquenté la danseuse de cabaret berlinois Valeska Gert (1892-1978). Elles passent en revue les ficelles du théâtre, se moquent d’elles-mêmes jusqu’à la crise de nerfs, de larmes ou de rire. La figure de l’artiste s’y déforme dans des grimaces peu courantes sur la scène de la danse contemporaine.

Illusion. «Le burlesque, dit Mathilde Monnier, est une forme entre la danse et la parole, qui intervient presque toujours au service d’une minorité politique, sociale et humaine.» Maniant l’ironie, les deux danseuses parviennent à créer cette femme d’illusion, appelée Gustavia, qui n’hésite pas à prendre la parole sur le plateau. En muet.


marie-christine vernay
libération
14 octobre 2008