Grands airs et petits pas

« 2008 Vallée » est encore un autre projet enchanté : il est né d'une rencontre, assez inattendue, entre Mathide Monnier, chorégraphe française apparue dans les années 1980, aujourd'hui encore l'une des plus influentes, et Philippe Katerine, chanteur singulier dont le dernier album, « Robots après tout », avec boîte à rythmes et ritournelles disco touche un large public. Katerine tombe un soir à la télévision sur « Déroutes », une création de Monnier. Il est « perturbé dans le bon sens. En faisant le disque, je pensais naturellement à des représentations dans l'espace », dit le musicien qui a déjà donné de sa personne dans son clip « Louxor » où il évolue avec une nuée de danseuses.
Cette rencontre va au-delà de la simple illustration puisque, sur le plateau, les danseurs du Centre chorégraphique de Montpellier, dirigés par Mathilde Monnier, vont se mettre à chanter... et Katerine à danser ! « On ne sait pas trop ce qu'on fait, mais on le fait avec joie. Ce que je découvre vraiment avec la danse, c'est le temps », dit encore Katerine tout émoustillé par cette comédie musicale et chorégraphique d'un autre genre. Quant à Mathilde Monnier, elle avait déjà abordé le répertoire rock avec les chansons de PJ Harvey dans « Publique ». Mais cette pièce manquait de son, de la vérité du « live ». « 2008 Vallée », ovni des scènes, est une respiration pour l'un comme pour l'autre artiste. Désormais, la danse aussi connaît la chanson.

PHILIPPE NOISETTE
Les échos week-end
21/04/2006