Publique de Mathilde Monnier flirte avec l'ennui


La chorégraphe Mathilde Monnier, à la tête du Centre chorégraphique national de Montpellier, qui a peu habitué le public à la facilité, flirte avec l'ennui dans sa dernière création Publique, présentée depuis mardi soir au Théâtre de la Ville dans le cadre du Festival d'Automne à Paris (jusqu'au 23 octobre).
La scène est juste coupée d'un pan de mur en butée. Huit filles à l'allure de gamines bien dans leur peau, en jean ou jupette, tee-shirt et baskets, s'éclatent sur la musique de Polly Jean Harvey, chanteuse britannique de rock à la voix sombre et sensuelle. On est dans une boîte de nuit, d'où le titre Publique, dans un studio de répétition ou chez soi, les filles dansant chacune pour soi, sans jamais se toucher ou regarder l'autre.
Sur les rythmes dépouillés de la chanteuse, les danseuses laissent aller leur imagination, parfois avec un vrai bonheur et une grande réussite, laissant au spectateur le choix de se sentir complice ou de rester extérieur.
Pendant toutes ses années à la tête du CCN de Montpellier, dont elle a été nommée directrice en 1994, Mathilde Monnier n'a eu de cesse que de vouloir rompre avec le passé, en travaillant notamment sur la danse africaine ou auprès des autistes, se réconciliant parfois avec ses origines, la modern dance et Merce Cunningham, son premier maître. C'était le cas avec Signé, signés en 2001.
Depuis, il y a eu le combat aux côtés des intermittents du spectacle, auquel Mathilde Monnier a participé pleinement. Expliquant récemment dans la revue Mouvement, d'août 2004, ses intentions avec Publique. Elle disait qu'il fallait "couper avec l'équation : +contemporain = pas de plaisir+". Accessible en effet, sa nouvelle pièce manque cependant de créativité et de mystère.

AFP - 20/10/2004