"Soapéra" en quête de paradis

La nouvelle création de Mathilde Monnier à Montpellier Danse associe le plasticien Dominique Figarella

La présence de Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture, a quelque peu guindé, dimanche soir, la première de Soapéra, création de Mathilde Monnier avec le plasticien Dominique Figarella. Sans doute sera-t-elle plus enjouée ce soir, le sujet s'y prêtant.
Emmenée par le désir, depuis Tempo 76 en 2007, à faire l'emploi électif de machinerie et d'effets spéciaux, la chorégraphe remonte aux sources du théâtre. Se déplaçant plus avant pour Soapéra, elle semble situer le propos dans les débuts de l'humanité.
Une matière blanche et aérienne envahit progressivement le plateau à l'ouverture, comme une émanation multicellulaire, surmontée d'une coquine crête nuageuse. Quasi invisibles sous sa masse, les danseurs lui offrent une seconde vie organique et mystérieuse. Nappe
irisée et vaporeuse, d'un effet stupéfiant et propice au rêve.
Une fois dissipée, elle met au jour un tableau blanc de grand format, dont les danseurs s'emparent comme pour y imprimer leurs traces et leurs affects. Au son, succède à un environnement artificiel, la guitare de Geoff Soule. Un peu tristounet, ces danseurs, sans repères et sans normes. Que n'ont-ils la gaieté débridée des premiers défricheurs d'espace et de vapeur ? Auraient-ils perdu leur paradis ?

Lise OTT