Le centre chorégraphique : une création annuelle, et mille autres choses Jeudi fin d'après-midi au Centre chorégraphique des Ursulines : le rendez-vous n'a circulé que discrètement, mais une centaine de jeunes montpelliérains s'agrègent dans le hall. Parmi eux, des figures de la chorégraphie, mais surtout une grande majorité d'anonymes. Dans la petite foule se perçoivent soudain des mouvements : des danseurs se mettent à évoluer. Ce contact directe au fil de l'espace, à l'amorce de l'art, est parfois le plus recherché par les passionnés de la danse. Ils sont au nombre de dix-huit. De huit nationalités différentes, d'Ukraine à la Côte d'Ivoire, âgés de 19 à 27 ans, ces danseurs effectuent un séjour de six mois au Centre chorégraphique de Montpellier. Cela grâce à un financement du conseil régional et de l'Europe. En arrivant en janvier, ils étaient des élèves sortant d'écoles. Parvenus en juin, ce stage en immersion doit les conduire au bord de l'insertion dans une structure professionnelle. L'autre soir, ils montraient le fruit d'une session intensive, animée par l'Américaine Louise Burns, "l'une des enseignantes les plus réputée au monde " apprécie Mathilde Monnier, directrice du Centre chorégraphique. " De même que Janet Panetta pour la danse classique, qui viendra en juin. " Leur enseignement, comme celui de plusieurs autres danseurs confirmés du Centre et de la ville (Rita Cioffi, Rita Quaglia, Joel Luecht, Hélène Cathala, etc.) bénéficie par ailleurs aux trente à quarante danseurs professionnels montpelliérains qui suivent toute l'année le cours quotidien des ursulines. " Il se passe toujours quelque chose ici " se réjouit Mathilde Monnier en consultant le bilan chiffré, dressé au terme de la première année entièrement vécue au sein des nouveaux locaux des ursulines : " Sincèrement, au moment de tout recenser sur le papier, j'ai été étonnée moi-même. Il y a une énorme attente du public, des danseurs, de milieux variés, qui vont du hip-hop aux travailleurs de la santé à cause de nos actions à l'hôpital. " Conférences, démonstrations, stages : il y a du monde pour tout. Dès vendredi, au lendemain des jeunes élèves de Louise Burns, c'était au tour de Rita Cioffi, de rassembler à nouveau un public informel dans le studio Bagouet. Là il s'agissait de montrer et commenter le travail de sa compagnie Aurélia. Lequel débouchera les 3 et 4 mars sur une nouvelle création : " Dans ma chambre ". C'est aussi aux Ursulines que cette pièce a été montée ces derniers mois. De même que précédemment au cours de cette même saison, les nouvelles pièces de Laurent Pichaut, Lluis Ayet, et du tunisien Imed Jemaa qui a marqué le dernier festival. " Avec tout ça, il s'est trouvé une semaine où j'ai dû moi-même interrompre mes propres répétitions, faute de locaux " sourit Mathilde Monnier. Car elles sont vingt-deux compagnies de la ville et des environs, à utiliser les trois studios du Centre. Il s'est vu qu'on ait dû installer un plancher provisoire dans le hall, un autre dans le bureau de la chorégraphe, et sinon dans l'atelier de construction de décors. Car encore a-t-on accueilli des scolaires ou des étudiants en architecture ; tourné des films pour " Arte " ; conduit les actions conjointement avec l'association d'insertion sociale et thérapeutique " Via Voltaire " ; piloté le développement de la compagnie burkinabé " Salia nï Seydou "orchestré deux mois de tournée en Afrique dont trente-trois journées de stage ; abrité les journées " Hip-hop Grand sud ". Etc. Et, au fait, créer la nouvelle pièce de Mathilde Monnier : " Les lieux de là ". " Beaucoup de gens imaginent que l'activité du Centre chorégraphique se résume à cette création annuelle. Et certains la ramènent au budget du centre, qui est de 10MF. Ils n'imaginent pas tout le reste ! " Gérard mayen CHIFFRES CLES - 66 représentations de pièces de Mathilde Monnier (52 hors région, dont 27 à l'étranger). - Budget annuel : 10.3 MF, dont recettes propres 41.6 %. - Fréquentation moyenne du Centre (non membres) : 58 personnes. - 7507 heures d'utilisation des trois studios (dont 1965 seulement pour les répétitions de Mathilde Monnier). - Durée moyenne d'utilisation de chacun des trois studios : 8h17 par jour.


Midi Libre
14 Février 1999