Mar. 30 nov., mer. 1er, jeu. 2 déc. MATHILDE MONNIER Centre chorégraphique national de montpellier languedoc-roussillon Les lieux de là 12 danseurs et 1 musicien avec le Festival d'automne "Voyage polyphonique à travers des lieux utopiques", selon Mathilde Monnier, l'expérience des "Lieux de là" poursuit sa trajectoire à étapes. Sans ostentation, mais avec le désir d'irriguer de nouvelles formes d'écriture chorégraphique, Mathilde Monnier questionne, en compagnie d'interprètes engagés, le sens d'un "être ensemble", fondateur de tout projet de compagnie. Avec acuité et humour, elle invente un espace où le collectif est lieu d'appui du singulier. D'un spectacle à l'autre, depuis ses débuts avec Pudique Acide de joyeuse mémoire (dansé et chorégraphié avec Jean-François Duroure), Mathilde Monnier a su ne pas s'enfermer dans un style, mais opérer à chaque fois, et de façon pertinente, un déplacement de situations et de gravités. Passant d'une fantaisie surréaliste (Au bord de la forêt) à la précision espiègle d'un duo avec le saxophoniste Louis Sclavis (Chinoiserie), embarquant sa fougue insolente dans un projet africain (Pour Antigone) ou explorant la clôture de l'autisme (L'atelier en pièces), elle avance chaque fois de véritables propositions poétiques dont la mise en corps est un singulier travail d'ensemencement et de récolte. Nommée en 1993 à la tête du Centre chorégraphique national de Montpellier Languedoc-Roussillon, où elle dispose d'un magnifique lieu de répétition légué par Dominique Bagouet, Mathilde Monnier multiplie les ouvertures. Loin de s'enfermer entre quatre murs, elle tisse patiemment (mais avec détermination) la présence sur la ville de son équipe artistique. "Les lieux de là" résultent en partie de cette énergie : comment un "centre" (fût-il chorégraphique) peut-il s'éparpiller sans se disperser, comment un "noyau" peut-il fédérer des particules singulières sans les asservir ? Les deux premières étapes de cette recherche sensible, "les non-lieux" et "dans les plis" (montrés la saison dernière au Théâtre de la ville), sont venus attester que cette quête nerien d'hermétique, mais qu'elle ouvre au contraire sur le partage d'un inconnu, dans le choix d'une perspective décalée où la musique de Heiner Goebbels, calligraphe du son, apporte sa part de joyeuse colère. Une entreprise du commun, soudée par une formidable liberté.

Jean-Marc ADOLPHE
Programme du Théâtre de la Ville
1999