La chorégraphe Mathilde Monnier et le jazzman Louis Sclavis démarrent leur carrière au début des années 80 et commencent à travailler ensemble à la fin de la même décennie avec "À la renverse". Ils poursuivent avec les pièces "Chinoiserie", "Face Nord", "Ainsi de suite" et le très beau film "Bruit blanc" en 1998. Restés fidèles à un esprit de défrichage et de la prise de risque, ils se retrouvent 10 ans plus tard pour la pièce "Les Signes extérieurs", créée en 2008 au festival Jazz à la Villette et présenté cette semaine à la MC2 de Grenoble.
Sur scène, trois danseurs et trois musiciens interrogent un des points communs entre les deux arts _ la partition _ à travers un dispositif singulier expérimenté dans deux pièces précédentes "Surrogate Cities" et "Tempo 76" : « Plusieurs écrans disposés sur le plateau sont utilisés comme des prompteurs qui font office de partitions visuelles, tant pour les musiciens que pour les danseurs », explique la directrice du centre chorégraphique national de Montpellier. Mais le public ne voit pas ces écrans et imagine donc les scénarios !

Des partitions visuelles
De quoi s'agit-il ? À la place de notes inscrites  sur des portées, les musiciens suivent sur une vidéo les gestes de Louis Sclavis bougeant bras et mains en une danse qui constitue une partition physique, tandis que les danseurs regardent des extraits de films pour reproduire les situations et les gestes _ Pierrot le Fou de Godard, Une femme sous influence de Cassavettes ou Charlie Chaplin...
On n'est donc pas dans le registre de l'improvisation puisque les artistes interprètent en direct une partition. D'autre part, la musique n'est pas un simple support à la chorégraphie et participe à l'écriture d'ensemble. Les musiques se succèdent au même rythme que les danses, fragmentaires et précises, et l'on goûte ce fruit ludique de l'expérimentation.