twin paradox

création 23, 24 et 25 juin 2012 . théâtre de grammont . festival montpellier danse 2012

 

Je pense la scène comme un espace neutre, sans patrie en quelque sorte, qui à sa manière crée ses propres coordonnées, hors de la géographie du monde mais plus encore peut-être, hors du temps. Pourtant, la scène est toujours là quelque part en vrai, dans la vie en vrai, au bord forcément du monde réel, de la rumeur de ce monde, au bord de l'Histoire et des événements.
C'est dans cette presque contradiction, dans cette suspension et en même temps frottement que la danse advient, avec sa durée propre, apatride donc juste à côté du monde, espace-temps infini qui continue malgré tout, à laquelle même il faudrait se raccrocher : continuer à danser quoiqu'il arrive, même si le monde nous tombe sur la tête.
Dans l'indéterminé du plateau, vient se loger l'essence même de la détermination : celle à poursuivre et poursuivre encore, comme si la danse était un dernier refuge contre ou devant les éléments, continuer coûte que coûte et de toutes les façons, forme de ligne avancée où la danse devient un socle, une arme, un manifeste aussi mais qui ne revendique rien d'autre que sa propre présence et si l'on peut dire, survivance. Danser malgré tout. Danser après tout.
L'idée est de dérouler le spectacle comme si on assistait à un long travelling infini où le cadre serait le plateau et le paysage le fond. Dans un paysage scénique qui ressemble à une route goudronnée par le temps, s'il y a encore quelque chose à faire c'est la persistance de la danse, non pas comme une guerre mais comme une suspension.
La scénographie est un passage qui crée un hors-champ constant. La scène est ce temps qui défile mais c'est aussi le temps des croisements et celui de la transformation de la danse. Le plateau est envahi, donnant un état atmosphérique naturel sur un lieu peu matérialisé.
La dramaturgie se crée au travers d'un système d'écriture de plein et de vide dépliant une danse en continuum et créant des climax ; développer des systèmes d'écriture qui soient liés à des notions de flux continu, de crescendo, de développement de modules gestuels, de séries.
Pour cette recherche je me suis inspirée de plusieurs sources qui viendront alimenter le spectacle, outils de travail plus que formes données à voir, mais qui donneront corps au temps propre de la scène, à sa dramaturgie, à cette “insistance” de la danse.
Je me suis intéressée aux danses marathon des années 20 aux états-Unis non pour ce qu'elles sont historiquement, non comme compétition ni usages sociaux, mais comme traitement de la durée, comme folie à danser sans cesse, à ce point précis où la danse crée son propre monde et insiste sur elle-même, développant alors une dramaturgie propre de la durée (diffraction, reprise, boucle, fatigue, etc.) qui échappe au temps de la réalité.
Ce qui revient sans cesse, c'est aussi la danse à deux, le duo, qui sera ici la figure récurrente de ce travail d'écriture non pour illustrer des bals ou des danses de salon mais au contraire pour revenir à une structure archaïque, essentielle, de la danse. Ici, à côté de la grande communauté humaine, il s'agit de réinventer les amants, comme une première forme de la communauté. Le duo donc, qui s'accroche l'un à l'autre pour tenir, pour avancer, pour performer, pour survivre mais aussi duo qui se transforme, qui s'aide, qui danse. Le duo comme première entité de la danse, comme entité et premier accord rythmique.
mathilde monnier


chorégraphe mathilde monnier
musique luc ferrari
scénographe et assistante artistique annie tolleter
lumière éric wurtz
réalisation sonore olivier renouf
réalisation costumes laurence alquier
danse cédric andrieux, marion ballester, julia cima, sonia darbois, guillaume guilherme (en alternance avec sylvain cassou), jung-ae kim, thibault lac, i-fang lin, felix mathias ott, jonathan pranlas 

coproduction festival montpellier danse 2012 . théâtre de la ville - paris . triennale de la ruhr 2012 - 2014 . charleroi danses centre chorégraphique de la fédération wallonie bruxelles . centre chorégraphique national de montpellier languedoc-roussillon

Presse

Danser pour tromper le temps
Direct Montpellier plus - 25/06/2012
Mathilde Monnier au bal des vanités
Midi Libre - 25/06/2012
Mathilde Monnier dans la vie en vrai
Midi Libre - 23/06/2012